• Interview with Pierre Leclerc on the economic situation of cannabis businesses
  • Interview with Pierre Leclerc on the economic situation of cannabis businesses

Entrevue de Pierre Leclerc sur la situation économique des entreprises du cannabisÉconomie

Publié le 23 mai 2023 par AQIC

Il est très difficile pour les entreprises de l’industrie du cannabis d’atteindre la rentabilité en ce moment, selon Pierre Leclerc, pdg de l’Association québécoise de l’industrie du cannabis. Le cadre réglementaire est tout simplement trop strict, dit-il, pour permettre aux entreprises de prospérer.

Au Québec, il est à peu près impossible de faire de la publicité pour les produits du cannabis. Les deux seules exceptions sont dans des journaux et magazines écrits qui sont expédiés directement à une personne de 21 ans ou plus, ou par de l’affichage qui ne peut être vu que de l’intérieur d’un point de vente de cannabis.

« On n’a pas de publicités, pas d’images de marque, pas de promotions et pas de capacité à se distinguer comme entreprise, déplore-t-il. C’est comme si tu entres dans un magasin de chaussures et que jamais tu ne sauras, où à peu près, quelle marque tu achètes. Comment une entreprise peut-elle réussir? »

« Dans le cadre dans lequel nous évoluons, c’est extrêmement difficile d’aller chercher cette clientèle, explique-t-il. Pour les prix, on n’est pas capable de rivaliser, tout comme en communication ou en agilité pour développer des produits. Le marché noir performe encore et, dans bien des provinces, on constate même un retour des consommateurs vers le marché illicite. »

M. Leclerc aimerait que la SQDC possède un espace où seraient réunis les produits locaux.

« Malheureusement, le gouvernement considère qu’il s’agit de promotion. C’est le fun d’avoir les petits collants, mais on aimerait avoir un espace. »

— Pierre Leclerc, pdg de l’Association québécoise de l’industrie du cannabis

Il est également difficile de développer certains secteurs comme celui des cosmétiques, qui pourraient permettre à certaines entreprises de diversifier leurs revenus.

« Il faudrait les vendre à la SQDC et personne ne va en acheter là-bas, lance-t-il. Ce sont des segments de marché que nos entreprises ne peuvent développer ou exploiter. Ça limite beaucoup. »

Les droits d’accises que doivent payer les entreprises sont également trop élevés, selon M. Leclerc, qui évalue à environ 80 le nombre de producteurs dans la province.

« La grande majorité des sommes générées par l’industrie est captée à travers les différentes taxes et frais imposés à l’industrie par les paliers des gouvernements, souligne-t-il. La réglementation sévère fait aussi en sorte que les frais d’exploitation à l’interne sont extrêmement élevés. »

Financement difficile

En plus de tout cela, près de cinq ans après la légalisation, le financement est encore très difficile à obtenir selon le pdg.

« Si vous n’êtes pas une entreprise publique, les chances que vous obteniez du financement sont presque nulles. Une situation que l’on voit régulièrement avec les banques, c’est qu’elles vont accepter d’ouvrir un compte entreprise, mais elles interdisent certaines transactions. On a même vu dans bien des cas des institutions financières ou des programmes gouvernementaux rappeler des prêts. »

M. Leclerc estime toutefois que les banques sont parfois prises entre l’arbre et l’écorce lorsque vient le temps de financer la production de cannabis. « Il y a un jugement moral et une incompréhension, mais les banques collaborent avec certains traités internationaux. Elles pourraient subir des préjudices à l’étranger. C’est pourquoi le gouvernement doit s’impliquer davantage. »

SOURCE: LeSoleil